Miel de Minorque : un délice digne des rois
Parler du miel de Minorque comme étant le préféré du palais des rois n’est pas une simple phrase poétique. Ce n’est pas non plus une formule commerciale née uniquement du plus basique marketing. Non, bien au contraire. Je pense, en réalité, qu’il s’agit d’une vérité historique, même si nos générations modernes l’ont oubliée.
Il fut un temps, au lointain XIVᵉ siècle, où le Royaume de Majorque et des Baléares était gouverné par le monarque Sanche Ier, surnommé « le Pacifique ». L’une de ses principales distractions, pour se reposer des difficultés du gouvernement, était la chasse au petit gibier. Il aimait surtout parcourir les montagnes de la Sierra de Tramuntana, et séjourner dans une modeste cabane, entouré de gigantesques pins et d’un profond silence, seulement rompu par le souffle du vent.
Un jour, il choisit les sommets du Puig des Teix pour ses chasses. Ce sommet s’élève encore aujourd’hui à plus de mille mètres d’altitude, sur la commune de Deià. Il forme un promontoire serein et spectaculaire sur la mer bleue. Eh bien, le roi baléare insista auprès de ses serviteurs pour qu’ils n’oublient pas un ravitaillement indispensable. Il leur demanda que, parmi les provisions, ne manquent ni les fromages frais de Llucmajor, ni le vin rouge des moniales clarisses, ni le vin albaflor de Banyalbufar et… sans aucune excuse, une quantité abondante de miel de Minorque [J.M. Tous y Maroto, dans le journal La Almudaina, 28-4-1917].
Seul le miel, croyait le roi, lui rendait le repos de ses jambes et tonifiait son corps, après de longues heures passées à courir derrière lapins et perdrix, en montée comme en descente. Oui, le miel de l’île voisine (Minorque) était particulièrement délicat à son goût : sucré sans saturer les papilles, et très tonifiant. Ce n’était qu’avec lui qu’il retrouvait le plaisir de contempler le paysage et, ensuite, de se consacrer aux affaires du royaume.
Sans aucun doute, ce roi d’autrefois, bien qu’il ait vécu il y a sept siècles, était intelligent et sage. Aujourd’hui, nos générations actuelles feraient bien de suivre de tels conseils. Les sages conseils d’un roi qui aimait le miel de Minorque.
Miquelàngel Limón Pons